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A la recherche des fermes des anciens grands domaines et des maisons forestières du massif de l’Aigoual et du Lingas

A la recherche des fermes des anciens grands domaines et des maisons forestières du massif de l’Aigoual et du Lingas

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GEORGES FABRE ET LE REBOISEMENT

Georges Fabre

En 1875, Georges Fabre arrive dans le Gard comme Garde Général des Eaux et Forêts.

Il était né à Orléans en 1844 d’un père lozérien, professeur de mathématiques, et d’une mère anglaise. Il eut une enfance parisienne, calme et studieuse. En 1866, sorti major de l’Ecole Polytechnique, en 1868, sorti premier de l’Ecole Forestière de Nancy, il pouvait prétendre à des postes de grand choix et étonna en sollicitant en Lozère le poste le moins envié, celui de Garde Général à Mende.

Georges Fabre avait trouvé sa voie; il la suivit sans que rien ne l’en détourna. Forestier par vocation, montagnard par hérédité, discret par caractère, il préférait le terrain au bureau où il se montrait pourtant travailleur infatigable. D’esprit très ouvert, ses connaissances dépassaient largement le domaine forestier. Il était fervent géologue, économiste consommé, et géographe des mieux informés pour déterminer les limites rationnelles des périmètres de reboisement. Il en écartait tout sol capable de donner des produits agricoles.

« Il sauvegardait toute parcelle d’humanité. Le périmètre de la Dourbie supérieure est à cet égard un modèle… il avait la joie de constater que la population ne diminuait pas dans les villages entourant immédiatement le massif de l’Aigoual » (Charles Flahaut, 1914). Il voyait naître le péril de l’abandon des montagnes. S’il fallait, malgré tout, acquérir une propriété avec la maison et les terres cultivables, il faisait tout pour que ce foyer ne demeura pas vide. S’il n’en pouvait faire une maison forestière, il pensait qu’il fallait y mettre un ménage de travailleurs « Eteindre un foyer, laisser crouler une maison dans la montagne, c’est tarir les sources où la patrie puise sa force« .

Naturellement, l’oeuvre des forestiers avait ses préférences. L’ancienne forêt royale de Miquel a constitué le noyau du reboisement. Avec celle de l’Agre, toute proche, elle conservait des résidus de la forêt primitive. Un programme d’exploitation avait commencé à partir de 1863 par des coupes à blanc étoc (essouchement), suivie de semis à la volée ou en potet, et de plantations de résineux.

Les achats et expropriations de terrains commencent en 1875. Les forestiers parviendront ainsi à prendre le contrôle des 15 000 hectares de terres domaniales de l’Aigoual et du Lingas. C’est autour de ces « noyaux durs », interdits de parcours aux troupeaux, et peu à peu reboisés, que l’Administration constituera ses périmètres, achetant progressivement les petites propriétés paysannes voisines dont la survie étaient devenue impossible, n’ayant plus assez de terres pour faire paître les troupeaux. Rares sont les propriétaires qui refusent de vendre, la crise du système agraire traditionnel favorisant la déprise agricole.

Pépinières

C’est toute la culture agropastorale des hautes terres du Gard qui disparaissait. Ces acquisitions, qui entraînaient l’expulsion de nombreux troupeaux, n’allaient pas sans soulever, avec la population locale, de nombreuses difficultés. Avec elle Georges Fabre sut habilement négocier. On lui offrit du travail forestier, et des amendes sauront convaincre les récalcitrants.

Les agents forestiers mettaient en oeuvre une politique définie sur le plan national. Il s’agissait pour eux d’aménager les forêts en conciliant l’intérêt sylvicole et l’intérêt agricole des populations locales très concernées par le bûcheronnage et la vente du bois. Le reboisement avait tué le système agropastoral et pour atténuer les conflits sociaux, que cette situation avait soulevés, et pouvoir préserver à long terme les intérêts forestiers, il fallait fournir argent et travail à une paysannerie excédentaire.

L’administration embauchait d’abord sur place les paysans disponibles pour travailler dans les plantations et pour la construction de routes, ponts, chemins et sentiers. Puis, peu à peu, d’autres les rejoignaient, venant de plus loin, de Arphy, Aumessas, Aulas, Valleraugue, St Jean de Bruel,… marchant dès deux-trois heures du matin pour être à pied d’oeuvre le lundi à huit heures. Ils logeaient pour la semaine dans les gîtes et les maisons forestières. On voit aussi des femmes et des enfants travailler dans les plantations, embauchés sous le nom du mari ou du père.

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